Vous avez déjà entendu parler des pigments organiques et des pigments minéraux ? Savez-vous que derrière cette distinction se cache un des secret du monde la couleur !

Pigments organiques et pigments minéraux

Le monde des couleurs est fortement lié à la chimie et à l’alchimie !

Les pigments de couleurs appartiennent à deux grandes familles chimiques bien distinctes

La chimie organique : ce sont tous les composés basés sur la chimie du carbone (carbone et hydrogène), c’est le monde du vivant qu’il soit végétal ou animal ou synthétique (chimie des hydrocarbures ) ! C’est ce qu’il y a à la surface de la terre !

La chimie minérale : c’est la chimie non hydrocarbonée, et tous les composés basés sur les roches et les métaux. C’est ce qu’il y a sous la terre !

Les pigments

Quand on utilise de la peinture, on manipule en fait un mélange
– De pigments : matière colorée broyée en poudre très fine
– Un liant : qui va dans un premier temps fluidifier l’ensemble et donner une matière à travailler et dans un deuxième temps, lors du séchage va permettre par polymérisation de consolider et solidifier la couche de pigments.

Les pigments sont utilisés depuis des millénaires, pour teindre les vêtements, les céramiques, en architecture, dans les arts plastiques.

Les matières colorantes

On peut distinguer d’une part les matières colorantes qui sont très solubles et ayant un fort pouvoir tinctorial

Parmi les pigments colorants naturels historiques on retrouve dans le monde végétal
– Le bleu indigo et la guède (voir article)
– La garance (racine), pour la laque rouge de garance
– Le safran tiré du Crocus sativus (plus cher que l’or !)
– La gaude pour les laques jaunes

Mais aussi issus du monde animal

– Les rouges carmins, écarlates obtenus à partir de la cochenille/kermès
– La pourpre des murex (voir article)

Ces colorants sont couramment utilisés comme teinture pour les vêtements, tissus et cuirs.

On peut noter que dans certains cas (l’indigo et la Guède) la teinte finale est obtenue par une réaction chimique d’oxygénation, soit dans la cuve (guède) soit lors du séchage des tissus teintés en plein air (indigo).

On est déjà dans un processus de transformation qui relativise la distinction entre pigments naturels et synthétiques ! Mais où s’arrête le naturel ?

Ces colorants étaient également utilisés en peinture, souvent sous la dénomination de ‘laque’, car ces procédés fixent la teinte dans la transparence et permettent l’application de plusieurs couches de glacis.

Et les matières colorées

Elles peuvent être des matières de couleurs très vives mais n’ont pas de réel pouvoir tinctorial .

C’est le cas du lapis-lazuli et du bleu outremer (voir article), du bleu de cobalt, du vert émeraude, du jaune et du rouge de cadmium, de la plupart des Terres.

Ces pigments sont très peu ou pas du tout solubles, et c’est la finesse de la poudre obtenue par broyage qui permet de déterminer la teinte et ensuite, à l’aide du liant d’utiliser ces matières dans des textures fluides ou onctueuses pour les fresques, en architecture et en peinture dans les arts plastiques.

Et bien ! C’est quoi ce secret ?

Le secret est :

Tous les colorants sont des pigments organiques !

Toutes les matières colorées sont des pigments minéraux !

A la seule exeption de l’ocre jaune qui à ma connaissance est le seul pigment minéral qui ait un réel pouvoir tinctorial, pour le reste les pigments minéraux sont utilisés en peinture, mais pas en teinture !

La plupart des pigments organiques, dont les pigments de synthèse obtenus à partir des hydrocarbures et qui ont remplacés certains pigments naturels difficiles à récolter, donnent une multitude de colorants, utilisés dans toutes les industries (alimentaires, cosmétique, habillement, décoration, beaux-arts …)

Une petite expèrience

Je prends deux verres et 3 tubes de pigments !

Je fais un premier mélange avec 2 minérales (cobalt et rouge cadmium), que je dilue dans un premier verre d’eau.
Ensuite, avec un autre pinceau , je prends un pigment organique (violet de Pérylène, alizarine), et en dépose et en dilue dans le deuxième verre.

Je remue et mélange bien les pigments dans les deux verrres et j’observe :

On voit tout de suite dans les pots en verre la transparence du pigment organique et l’opacité des pigments minéraux

Je fais sur un morceau de papier quelques mélanges en alliant minérales et organiques !

Et le lendemain tous les pigments minéraux dans le pot en verre sont tombés au fond sans avoir teinté l’eau ! Et dans le verre d’à côté, avec le pigment organique, l’eau est toujours aussi uniformément transparente et teintée et éclatante à jamais !

On voit sur le nuancier à gauche le pigment organique s’est dilué sur le papier de manière assez uniforme, alors qu’au centre et à droite, des mélanges avec le cobalt et le cadmium, les pigments minéraux ont créés des floculations, et des jeux de matières qui peuvent être recherchés par l’artiste !

Ces jeux de matière et de transparence font toute la beauté et la difficulté de l’aquarelle

Bien connaitre la nature organique ou minérale des pigments de sa palette permet de créer des mélanges somptueux entre ces pigments légers et ces pigments plus lourds, qui n’ont pas le même comportement dans la fluidité de l’eau sur le papier, et d’explorer pleinement tous ces jeux subtils avec la matière que nous offre l’aquarelle !

palette couleurs chaudes

palette couleurs froides

Et du coup, je me suis refais un nuancier avec les couleurs de ma palette (couleurs chaudes et couleurs froides) qui tient compte de la nature des pigments : organiques et minéraux !

Et vous, … connaissiez vous ce secret des couleurs et de la nature des pigments ?
Laissez moi vos commentaires !

A bientôt !