La pourpre est un colorant sécrété par des mollusques gastéropodes carnivores marins, principalement le murex et le purpura. Le liquide qui donne la teinture provient d’une petite glande sous le manteau de la coquille.

La légende

La légende attribue la découverte de la pourpre au dieu phénicien Melkart. L’histoire raconte que le dieu Melkart, se promenait au bord de la mer en compagnie de sa nymphe bien-aimée, quand son chien croqua une coquille de murex et en garda les babines toutes teintées d’un magnifique rouge violacé. La bien-aimée éblouie se jura de ne plus fréquenter son amoureux s’il ne lui offrait pas une robe de cette couleur ! Melkart revint sur le rivage, ramassa une quantité de coquillages, qu’il écrasa vivants pour obtenir une substance rouge dans laquelle il teinta une superbe tunique. Ce fut l’invention de la pourpre !

Les origines

L’emploi de la pourpre est attesté depuis le 18° siècle av JC, les plus anciennes traces d’exploitation de coquillages pour la teinture que l’on ait retrouvées se situent à Ougarit (1500 av JC) dans le nord de la Phénicie (Syrie actuelle) et en Crète (1600 av JC).

Puis ce sont les cités phéniciennes de Tyr et Sidon (actuel Liban) qui au cours de la seconde partie du II° millénaire avant notre ère développent le monopole de l’extraction de la pourpre et de la teinture des tissus. De véritables collines de coquillages écrasés de plusieurs mètres de haut ont été retrouvées dans ces cités et sur tout le pourtour méditerranéen.

La fabrication

La fabrication de la pourpre demande un travail considérable. Il faut pêcher les coquillages, casser la coquille, laisser macérer quelques temps, puis extraire la petite glande contenant le suc purpurigène.

Il se produit alors un étrange phénomène : le suc, d’abord blanchâtre, vire ensuite au jaune, au vert, au violet puis enfin au rouge foncé sous l’action de la lumière. On teint ensuite la matière brute, laine, fil de lin ou de soie avant tissage, obtenant des teintes magnifiques et inaltérables.

Les teinturiers en pourpre pouvaient obtenir des coloris très variés, allant du rouge profond au violet le plus sombre, en jouant sur l’espèce et l’origine des coquillages, ainsi que sur les techniques de préparation qui demandent un temps et une main-d’œuvre considérables.

Ces teintures coûtaient très cher. Il fallait près de 10 000 coquillages pour obtenir 1,5 gramme de pourpre pure. Ces étoffes très appréciées dans toutes les civilisations méditerranéennes sont réservées aux rois, aux nobles, aux prêtres, aux magistrats et sont un signe de prestige social.

La littérature grecque fait souvent référence à la pourpre ; dans la Bible, elle est réservée au culte et aux vêtements des prêtres.


pourpre

La pourpre à son apogée

Les Empires romain et byzantin vont porter la pourpre à son apogée. A Rome, la toge qui est le signe de la citoyenneté est bordée d’une bande pourpre. Les triomphateurs portent une toge entièrement pourpre et brodée d’or, les plus hauts responsables des armées portent un manteau pourpre.

Puis les empereurs romains s’en réservent le port, Néron condamne à mort toute personne qui ose arborer la pourpre impériale. A partir du 2° siècle la fabrication de la pourpre et la teinture des étoffes deviennent un monopole d’Etat, soumis à des normes strictes. C’est à cette époque que la pourpre atteint la Chine.

Tandis que l’Occident entre dans le Moyen Age et se détourne de la pourpre, l’Empire Byzantin en perpétue l’usage pendant encore quelques siècles.

Le déclin

Au 9° siècle, les recettes de la pourpre antique sont définitivement perdues. Le terme pourpre survit, mais désigne une qualité d’étoffe bien plus modeste.

Au 15° siècle le pape Paul II décrète que les cardinaux porteront la couleur pourpre, mais obtenue alors à partir de la cochenille et du kermès, donnant un violet plus orangé.

C’est au début du 20° siècle que l’on analyse sa structure chimique et que l’on élucide la méthode de teinture.

Les autres pourpres

Les peuples méditerranéens ne sont pas les seuls à avoir exploité les propriétés tinctoriales de la faune marine. Citons la Polynésie qui utilisa des oursins, et en Amérique centrale, les Mayas et les Aztèques qui utilisaient un mollusque que l’on trouve sur les côtes du Costa Rica et du Nicaragua pour obtenir une teinture dans les violets.

Quoique très bon pigment, la pourpre n’a plus aujourd’hui de grand intérêt devant les pigments de synthèse (violets de dioxazine, bordeaux de pérylène ou les quinacridones). Il est toutefois encore possible d’en trouver … au prix de 2000 euros le gramme !

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J’espère que cette histoire de la pourpre vous aura intéréssé.

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