Selon la technique utilisée, la peinture à l’aquarelle nécessite parfois l’utilisation d’une grande quantité d’eau, ce qui peut avoir une incidence sur la tenue du papier pendant la réalisation de l’aquarelle.

Si vous ne l’avez pas encore lu, je vous conseille de lire l’article La magie de l’eau à la base de l’aquarelle où je présente les 2 grandes techniques de l’aquarelle : sur papier sec et sur papier mouillé.

Le papier imbibé d’eau va se dilater (j’ai pu observer jusqu’à 0.5 cm de dilatation pour un format 28×38 cm) et donc avoir tendance à gondoler, ce qui peut être très gênant pour la diffusion et la propagation des couleurs : sur un papier gondolé l’eau et les pigments vont être entrainés dans les creux, et même si le papier va se retendre en séchant, la répartition des pigments en est affectée.

Je vous présente dans cet article plusieurs techniques pour avoir un papier qui gondole le moins possible, et vous fait part de mes expériences.

L’enjeu est donc que le papier ne gondole pas, qu’il reste bien à plat pour que l’on puisse orienter la propagation de l’eau et des pigments par inclinaison du support.

Utiliser des blocs encollés sur le 4 côtés :

La première possibilité (la plus répandue et conseillée souvent aux débutants) consiste à utiliser un bloc encollé sur les 4 côtés.

L’intérêt est que c’est prêt à l’emploi et très simple à utiliser.

Par contre, dans la technique dans l’humide on utilise beaucoup d’eau et le papier quand même va finir par gondoler. Autre inconvénient, les blocs de papiers encollés reviennent à beaucoup plus cher que les grandes feuilles au format raisin.

Les blocs conviennent parfaitement si on ne travaille pas avec de grande quantité d’eau et que l’on a pas une trop grosse production.

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C’est pourquoi je préfère personnellement utiliser des grandes feuilles de papier aquarelle Fabriano Artistico 300 gr en grand format (76×56 cm) que je recoupe au format désiré (souvent en 4 pour obtenir un format 38×28 cm).

Je vous présente maintenant les 4 techniques que j’ai utilisées avec les feuilles et vous fait part de mes remarques :

Feuille collée sur une planche avec du kraft

C’est la méthode qui est le plus couramment proposée
1- Bien humidifier la feuille des deux côtés avec un gros pinceau plat, ou la faire tremper 5 mn dans l’eau.
2- Égoutter la feuille, la poser sur une planche à dessin et coller les 4 côtés avec du kraft encollé
3- Laisser sécher, le papier en principe est tendu

Après de nombreux essais, je n’ai personnellement jamais été satisfait de cette technique que j’ai rapidement abandonnée
– Soit le papier en séchant (et en se rétractant) se décollait du kraft qui restait solidaire de la planche
– Soit le kraft restait bien collé au papier mais se décollait de la planche

Certains conseillent de ne pas trop humidifier la feuille, mais comme elle n’aura pas été fixée suffisamment dilatée, c’est en cours de travail qu’elle va gondoler, quand elle va vraiment être très humidifiée
D’autres conseillent d’encoller les bandes de kraft à la colle à papier peint ! J’ai fait quelques essais, mais je n’ai jamais réussi à obtenir quelque chose de convaincant.

Feuille posée sur un plexiglas ou sur une planche

Alors je me suis dit que si la feuille n’est pas fixée par les cotés sur le support, elle devrait pouvoir se dilater bien à plat.

1- Bien humidifier la feuille des deux côtés avec un gros pinceau plat, ou la faire tremper 5 mn dans l’eau,
2- Poser la feuille à plat sur le plexiglas ou sur la planche, la feuille doit être suffisamment mouillée pour qu’elle « adhère » quand on la pose sur le support
3- Commencer de suite à travailler

Le plus grand avantage est que c’est la méthode la plus simple à mettre en œuvre

Par contre, selon la quantité d’eau que l’on rajoute en cours de travail lors des apports de pigments, le papier ne sera plus mouillé uniformément, ce qui va laisser apparaitre des creux dans certains endroits.

Cette technique que j’ai bien utilisée demande de bien maitriser le cycle de l’eau du papier, et je vous conseille de la tester car elle peut vous convenir

papier sur chassis

Feuille agrafée sur châssis

Le principe est de fixer la feuille de papier mouillée-dilatée sur un châssis (cadre) comme on fixe une toile pour la peinture à l’huile.

1- Bien mouiller la feuille (faire tremper 10 mn dans un bac), laisser le papier se dilater
2- Égoutter la feuille et l’agrafer sur un châssis (sur la tranche du cadre)
3- Laisser sécher, le papier se retend et sonne comme une peau de tambour
4- Travailler sur papier sec ou mouillé
5- Le travail fini, on peut découper l’aquarelle, et réutiliser le châssis

Avantages

Le papier est bien tendu, le cycle de l’eau est accéléré car le séchage s’effectue par les deux faces du papier à l’air libre, on se rend bien compte de l’état d’humidification en touchant le dos du papier.

Inconvénients

Lors de la réalisation de l’aquarelle, si on ramène beaucoup d’eau dans les apports de pigments très dilués, le papier tendu va se dilater et on peut avoir au centre un léger creux car le papier n’est maintenu que part les côtés. Ce creux au milieu peut être gênant car il a tendance à attirer les pigments au centre.
De plus cette méthode augmente la consommation de papier avec les replis sur les flancs du cadre.

papier agrafé sur chassis

Feuille agrafée sur planche

C’est la technique que j’utilise actuellement, et c’est pour moi le meilleur compromis

Même principe que sur châssis mais le papier est agrafé à plat sur une planche (contreplaqué de 8 ou 10 mm)
1- Bien mouiller la feuille (faire tremper 10 mn dans un bac), laisser le papier se dilater
2- Égoutter la feuille et l’agrafer imbibée d’eau sur la planche
3- Laisser sécher, le papier se retend
4- Travailler sur papier sec ou mouillé
5- Le travail fini et le papier bien sec, désagrafer l’aquarelle, et réutiliser la planche

feuille agrafée sur planche

Avantages

Il est plus facile d’agrafer le papier à plat sur la planche que de le plier et de l’agrafer sur la tranche du châssis.

Même quand le papier est à nouveau mouillé en cours de travail, la planche maintien l’intégralité de la feuille de papier bien à plat (il ne se creuse pas au milieu comme avec le châssis)

Inconvénient

Si on est comme moi amené à transporter ses aquarelles en cours de réalisation (entre la maison et l’atelier), les planches sont un peu plus lourdes à transporter que les feuilles seules ou les châssis.

C’est la technique qui me convient le mieux et qui me donne le meilleur résultat, en fonction de ma pratique actuelle.

Et vous, avez vous des remarques ou des questions à partager dans les commentaires ?